Dans la crise actuelle, la probable future présidente du SP.A renvoie Flamands et francophones dos à dos. Le parti veut se ressourcer dans l'opposition. Mais le SP.A pourrait soutenir une réforme de l'Etat de l'extérieur.
Après la lourde défaite du 10 juin, les socialistes flamands pansent leurs plaies et, à 32 ans, Caroline Gennez s'apprête à reprendre la direction du parti.
Erik De Bruyn, de SP.A Rood, se présente finalement contre vous le 21 octobre. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
Les militants auront le choix entre deux visions de la société et du parti, donc le vainqueur n'en aura que davantage de légitimité...
Vous ne craignez pas une évolution à la néerlandaise où l'extrême gauche prendrait le pas sur la gauche "traditionnelle” ?
Nous devons rester le c½ur de la gauche. Notre profil s'est un peu ramolli, après toutes ces années passées au gouvernement, et nous devons le raffermir. Mais nous ne pouvons pas devenir un parti avec de multiples chapelles comme le CD & V. Ce ne serait pas bon pour un parti socialiste. Nous devons être progressistes, et répondre aux interrogations de base des gens, mais sans exclure personne.
Dans son rapport sur les causes de la défaite électorale du SP.A, Patrick Janssens évoque l'ascension trop fulgurante de certain(e) s. Vous n'avez pas peur de tomber dans ce piège-là aussi ?
C'est vrai que je n'ai pas encore un âge canonique ! (rires). Mais Frank Vandenbroucke était aussi très jeune quand il est devenu président du parti. Et je me présente en tandem avec Dirk Van der Maelen, qui a plus d'expérience que moi et qui a de très bons contacts avec la base du parti : on se complète bien. Honnêtement, au départ ce n'est pas un cadeau de me retrouver propulsée à la présidence du parti ! Mais en ce moment, il n'y a plus de leader naturel au SP.A, comme du temps de Steve Stevaert ou de Johan Vande Lanotte. Il y en a peut-être qui me trouvent trop jeune mais quand on leur demande de suggérer quelqu'un d'autre, il n'y a plus personne. Donc, il faut passer la main à une nouvelle génération, qui de temps à autre s'appuiera sur l'expérience des anciens.
Après le socialisme convivial de Steve Stevaert et le retour au contenu de Johan Vande Lanotte, quel genre de présidente serez-vous ?
Je ne veux pas avoir à choisir entre la forme et le fond, il faut les deux. Je n'ai aucun problème avec le contenu que nous avons proposé pour le 10 juin. Mais si on parle trop à la tête des gens et pas assez à leur c½ur, cela ne fonctionne pas. Les gens en Flandre se posent surtout des questions simples et quotidiennes : vais-je garder mon emploi, toucher une pension ? Ou même : les Polonais menacent-ils nos emplois ? On ne peut pas avoir de tabou du style : "la sécurité, c'est un thème de droite, on n'en parle pas”. Ou : "parler de multiculturalité, cela dresse les gens les uns contre les autres, on n'en parle pas”. Nous devons aussi être clairs sur des thèmes que nous sommes les seuls à défendre, comme la défense du service public. Un autre point, c'est le fonctionnement du parti. Les militants trouvent qu'ils n'ont pas assez à dire, que cela manque de débat et de participation. Nous devons renouer avec des vrais congrès avec de vraies discussions, qui ne soient pas juste des événements médiatiques.
Que pensez-vous des discussions actuelles pour la formation du nouveau gouvernement fédéral ?
Franchement, c'est honteux. En matière de surréalisme, Magritte est battu par Leterme et Reynders ! Je suis un peu étonnée de voir que d'aucun côté de la frontière linguistique, on ne semble prêt à discuter du cadre fédéral, c'est-à-dire : que veut-on encore faire ensemble ?
Du côté flamand, le CD&V /N-VA et la Lijst Dedecker ont gagné les élections en désignant un ennemi extérieur : les Wallons, qui seraient là comme un boulet rendant la bonne gestion de la Flandre impossible.
Du côté francophone, on continue à clamer que l'on ne veut pas de la moindre réforme de l'Etat. Moi, je suis une Belge d'origine flamande, et sans complexes. Au SP.A, nous avons toujours eu un programme communautaire rationnel et modéré. Nous n'avons pas reçu de mandat de l'électeur pour participer au prochain gouvernement mais si nous étions là, il y aurait bien moins d'hystérie dans ce débat. L'électeur n'a pas voté pour en arriver là. Voyez le débat qui a lieu aujourd'hui au Parlement flamand sur l'indépendance de la Flandre sous les yeux de toute la presse étrangère. Quelle piètre image ! Il est temps que ceux qui ont eu presque 800 000 voix de préférence prennent leurs responsabilités et essaient sérieusement de former un gouvernement.
Avez-vous eu des contacts avec l'un ou l'autre informateur ou explorateur depuis le 10 juin ?
Non. Johan Vande Lanotte a simplement eu un entretien avec Jean-Luc Dehaene pour lui expliquer que nous ne participerions pas aux négociations fédérales et que nous options pour l'opposition. C'est tout. Pour le reste, j'ai toujours de bons contacts avec le PS, même si ce n'est pas très régulièrement.
Vous êtes toujours prêts à soutenir une réforme de l'Etat de l'extérieur ?
Pour nous ce serait logique, par exemple, de transférer aux régions la législation en matière de loyers, puisque tous les autres instruments de la politique du logement sont régionaux. Certains aspects de la politique de l'emploi aussi, en veillant au maintien de la solidarité. Mais pour les allocations familiales ou les soins de santé, c'est devenu inutile puisque cela fonctionne bien au fédéral. Il faut veiller à l'intérêt des gens et à la cohérence des compétences, cela a toujours été notre ligne de conduite et cela le restera.
Caroline Gennez : "Au départ, ce n'est pas un cadeau de me voir propulsée à la présidence du parti !”
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